J’ai vu Détroit.

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D’aussi loin que je me souvienne, ou tout du moins depuis que j’ai fabriqué ma propre culture musicale, j’ai toujours aimé Noir Désir. La prose de Bertrand Cantat, et le génie de Serge Teyssot-Gay.

2001, je suis au collège, et l’album « Des visages des figures » tourne en boucle dans ma chambre. Chaque mot me touche, et la musique me fait vibrer. Je découvre par la même occasion Léo Ferré grâce à la reprise du groupe de la chanson « Des Armes« .

2002, je m’intéresse un peu plus aux albums précédents et notamment « 666.667 Club ». « Un jour en France«  résonne en moi comme une évidence, surtout à partir du 21 avril de cette même année. Ma conscience politique commence à se forger. Je vais sur mes 15 ans.

Aout 2003, en vacances avec mes parents, les journaux télévisés annoncent cette terrible nouvelle : Marie Trintignant est morte. Sous les coups de Bertrand Cantat. Je suis profondément choquée, mais je sais que quoi qu’il advienne, j’aimerai toujours l’artiste. Mon père ne veut plus entendre parler de Noir Désir à la maison. Je continue malgré tout à écouter le groupe et toute sa discographie.

2004, Bertrand Cantat est condamné à 8 huit de prison. Mon espoir de voir un jour Bertrand Cantat et Noir Désir sur scène s’éteint. Je fais le deuil. « Lost«  devient, avec mon pote d’enfance M., notre chanson. Celle que l’on écoute à chaque soirée, qui nous fait pleurer, espérer, grandir et avancer.

Fin 2005, Hubert Félix Thiéfaine écrit « Télégramme 2003«  en hommage à son ami Bertrand Cantat. Les paroles me bouleversent et suis émue de voir quelqu’un de connu parler publiquement de « cet affreux meurtrier » avec autant d’amour. Cette même année, sous les conseils d’un psy, je brûle les p’tits papiers, ceux écrits pendant mes crises d’angoisses afin de les canaliser. Bien évidemment, c’est en écoutant la reprise de cette belle chanson écrite par Serge Gainsbourg « Les p’tits papiers«  par Noir Désir (entre autres) pour le GISTI (Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés) que j’allume l’allumette.

2006, un pote me prête sa basse. J’apprends par cœur la tablature de « Un jour en France ». Je suis nulle, mais ça me plait.

2008, un an après la sortie de prison de Bertrand Cantat, le groupe sort deux chansons dans le silence. « Gagnants perdants«  me bouleverse. La voix de Bertrand Cantat est la même. Et si ils faisaient un nouvel album ? Et une tournée ? Mon espoir de voir Noir Désir sur scène renait de ses cendres. Je suis heureuse.

2010, lors du Guitar Poetry Tour au lieu unique, j’admire la performance musicale de Serge Teyssot-Gay (avec Margarida Guia & Krzysztof Styczynski). C’est incroyablement planant. Et même si on est loin de l’univers Noir Désir, je suis la plus heureuse du monde d’avoir LE guitariste de Noir Dez’ à quelques mètres de moi.
Fin 2010, le groupe se sépare officiellement. C’est sur, je ne les verrais jamais en live. Je fais le deuil une deuxième et dernière fois.

Septembre 2011, Bertrand Cantat joue le cycle Des Femmes d’après Sophocle sous la houlette de Wajdi Mouawad. Je ne vais pas voir la pièce, mais me retrouve, par hasard, au restaurant avec une partie de la troupe un soir. Nous sommes juste à côté de leur table et les entend dire « Bon, il fait quoi Bertrand ? Il vient ? ». Finalement, il n’est jamais venu.

Septembre 2013, Détroit, le nouveau groupe de Bertrand Cantat formé avec le talentueux Pascal Humbert, sort la chanson « Droit dans le soleil« . Coup de cœur immédiat.

Novembre 2013, l’album « Horizons » sort. Je l’écoute d’une traite, le premier jour de sa sortie. Seule « Le creux de ta main«  retient vraiment mon attention car j’y retrouve les sonorités de Noir Désir. Le reste de l’album ne me touche pas plus que ça dans sa globalité. Je le laisse de coté pour le réécouter quelques jours plus tard. Là, c’est le déclic. J’accroche tout de suite à TOUT, et me repasse l’album plusieurs fois de suite pendant plusieurs jours sans m’en lasser.

Décembre 2013, j’achète mes places pour le concert au Stéréolux de Nantes. Le concert est sold out dans la journée. Je trépigne d’impatience.

27 mai 2014, c’est le grand jour. 13 ans après avoir découvert Noir Désir, je vais enfin voir Bertrand Cantat sur scène. Le pote avec qui je suis à eu la chance de voir Detroit quelques jours plus tôt à Caen. Il me raconte à quel point c’était grandiose et que l’on risque d’entendre beaucoup beaucoup de Noir Dez’. Je termine ma bière en vitesse et attends impatiemment l’arrivée du groupe. Nous sommes à 5/6 rangée de la scène.
Les membres du groupe arrivent un à un, et en dernier Bertrand Cantat. Les instruments s’animent, les premières notes de « Ma Muse » retentissent, comme une hymne qui démarre. Le public reste timide quelques instants, avant de laisser éclater sa joie, son bonheur, sa voix et son pogo pendant un peu plus de 2 heures.
Voici la setlist du concert : Ma Muse / Horizons / Des visages des figures / À ton étoile / Le creux de ta main / Lazy / Le fleuve / Lolita nie ne bloc / Ange de désolation / Null & Void / Droit dans le soleil / Glimmer on your eyes / Sa majesté / Fin de siècle / Tostaky / Le vent nous portera / Comme elle vient.
17 chansons, 2 heures de concert, 3 bières, beaucoup d’amour et d’émotions. J’avais 15 ans ce soir là, j’ai vu Bertrand Cantat, entendu du Noir Désir en live. J’étais la plus heureuse du monde.
J’y retourne en décembre au Zénith.

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6 Comments

  1. Tiphaine dit

    C’est carrément cool que tu ai pu enfin les voir!! J’imagine comme tu as du kiffer !!
    J’ai attendu pas mal d’années avant de voir Saez, j’ai rêver ce moment des millions de fois et quand je l’ai enfin vu en live j’en ai pleuré !! Un moment que je n’oublierai jamais !

  2. Jolie Margot dit

    J’ai vu Noir Désir à 13 ans, l’un de mes premiers concerts… J’écoute encore de temps en temps… je n’ai pas encore écouté Détroit, je fais un p’tit blocage…

  3. marion dit

    Noir desir reste l’un des meilleurs concerts jamais vus!

  4. Isabelle de Guinzan dit

    Belle déclaration d’amour au groupe que ton histoire personnelle et sensible avec lui !

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